lundi 13 avril 2009

Neurovision, par Mitsuto Suzuki

Mise à jour : Neurovision est à nouveau disponible sur le store français d'iTunes ! Cliquez ici pour le télécharger (7,92 euros). Et n'oubliez pas que vous pouvez aussi retrouver In My Own Backyard en cliquant ici.

Ce Mitsuto Suzuki est un sacré numéro. Un ancien de Konami arrivé chez Square Enix en 2006, il n'est officiellement "que" programmeur du synthétiseur, en charge notamment de Project Sylpheed, Sigma Harmonics et, en ce moment-même, Final Fantasy XIII. Mais il fait depuis lors son petit bonhomme de chemin, contribuant d'abord généreusement aux trois Square Enix Music Official Bootleg avant de lâcher une bombe en novembre 2007 : In My Own Backyard, un album solo distribué via iTunes par Square Enix. Certes, cette bombe était finement préparée par les official bootlegs, mais le style unique du musicien a littéralement éclaté au grand jour. Je me souviens encore d'avoir perdu ma mâchoire devant "Sound of Dream", merveilleuse chanson planante dont le nom tient définitivement sa promesse.


Le revoilà en ce début d'année 2009 avec un deuxième album solo qui se place dans la continuité directe du premier. Neurovision est lui aussi publié sur iTunes par la société qui l'emploie. Dix nouvelles pistes inédites qui explorent plus profondément encore les inspirations électroniques de cet étonnant faiseur d'ambiance. Tout n'est peut-être pas de très bon goût, encore que cela dépende largement des préférences de chacun, mais il y a des moments magiques qui valent sans conteste le déplacement. Dans les morceaux chantés, l'influence Daft Punk est plus que jamais omniprésente : voix robotiques qui se répondent indéfiniment les mêmes mythologies spatiales (piste 9, "Recall"), chant monochorde ni vraiment masculin, ni vraiment féminin (piste 1, "Neuro vision") ou chœurs aussi diffus que pénétrants (piste 7, l'excellente "Something"), il serait difficile de ne pas remonter jusqu'au groupe français.

C'est cependant la partie instrumentale de Neurovision qui est la plus magique. La recette est pourtant bien similaire : Suzuki est un adepte de la musique électronique douce et planante, toujours voilée par une sorte de flou rêveur auquel il est difficile de résister. "Spring coat" et "Seasons of Change" sont de loin les meilleurs morceaux. Le premier est un long crescendo aquatique, tandis que le second s'offre un rythme plus vif et un final façon voix automatique à l'imaginaire futuriste si peu attendu (on dirait même la logorrhée new age de la station de radio "The Journey" de GTAIV). A noter que "Seasons of Change" forme un enchaînement frappant avec "Something", que j'ai déjà qualifiée d'excellente mais qui mériterait bien plus de superlatifs pour illustrer la beauté cotonneuse et subtilement rétro de ses passages les plus intenses.

Mitsuto Suzuki

"Neuro vision", "Dream real" et, surtout, "Realize" se lancent dans un style beaucoup plus orienté techno que musique électronique, ce qui les rend malheureusement assez superficielles. Non, le musicien ne réussit pas à nous marquer autant qu'avec ses ambiances tantôt glacées, tantôt aériennes. La reprise de "Clear" d'In My Own Backyard figure très bien ce style enchanteur. Et si... et si Mitsuto Suzuki composait un jour dans ce style pour un jeu vidéo ? Tout laisse à penser que ce serait le jeu qui serait porté par la musique, et non l'inverse. Il a déjà donné à Dissidia une reprise cristalline toute justifiée du fameux "Prelude" de Nobuo Uematsu. Bon, un Final Fantasy, ce n'est peut-être pas le meilleur choix pour ce style. Eh bien, nous verrons quel développeur de Square Enix sera le premier prêt à faire ce pari.

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